Le 15 mars 1804 après avoir franchi illégalement de nuit la frontière un groupe d'Armée du 22ème Dragons sous les ordres du colonel Jean-Augustin Carrié de Boissy fond sur Ettenheim, ville de Bade à 10 Km de la frontière.
Ils investissent la maison où habite Louis-Antoine de Bourbon Condé, Duc d'Enghien, se saisissent de sa personne, et l'emmènent ensuite à Strasbourg où il est maintenu prisonnier.
Le 18 mars le Duc entouré de nombreux gendarmes est transféré à Paris en malle-poste et incarcéré au château de Vincennes où ils sont arrivés le 20 mars en fin de journée.
Une commission militaire présidée par le général Pierre-Augustin Hulin ; il aurait tenté de sauver "l'accusé" en écrivant au Premier consul Bonaparte mais il en fut empêché.
Le "tribunal" est composé du colonel Guitton, commandant le 1er régiment de Cuirassiers ; du colonel Bazancourt, commandant le 4ème régiment d'Infanterie de ligne ; du colonel Ravier, commandant le 18ème régiment d'Infanterie légère ; du colonel Barrois commandant le 96ème régiment d'Infanterie de ligne ; du colonel Rabbe, commandant le 2ème régiment de Garde municipale ; du major Dautancourt, commandant de la Gendarmerie d'élite et qui est nommé rapporteur de la Commission.
Louis-Antoine de Bourbon Condé est présenté au "tribunal" militaire dont les membres n'ont appris que lors de leur arrivée à Vincennes la raison de leur convocation (et bien sûr certainement que l'on n'attendait d'eux qu'une soumission au pouvoir consulaire). La Commission militaire juge sans appel ni cassation ; l'accusé est privé d'avocat.
L'acte d'accusation, annoncé au prisonnier par le rapporteur Dautancourt est signé par les sept "juges" :
- avoir porté les armes contre la République française ;
--avoir offert ses services au gouvernement anglais, ennemi du peuple français ;
--avoir reçu et accrédité près de lui des agents dudit gouvernement anglais, leur avoir procuré les moyens de pratiquer des intelligences en France, et avoir conspiré avec eux contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État ;
- s'être mis à la tête d'un rassemblement d'émigrés français et autres, soldés par l'Angleterre, formés sur les frontières de la France dans les pays de Fribourg et de Baden ;
- avoir pratiqué des intelligences dans la place de Strasbourg, tendant à faire soulever les départements circonvoisins pour y opérer une diversion favorable à l'Angleterre ;
- être l'un des auteurs et complices de la conspiration tramée par les Anglais contre la vie du Premier consul, et devant, en cas de succès de cette conspiration, entrer en France.
Le verdict est la peine de mort qui sera appliquée immédiatement. Seul le colonel Barrois aurait demandé le sursis à l'exécution, ce qui fut refusé. Le prince demanda à rencontrer Bonaparte, ce qui lui fut refusé de même que de lui écrire.
Louis-Antoine de Bourbon Condé, dernier du nom, est conduit dans les fossés du château, devant une fosse creusée fraîchement ; le peloton de huit gendarmes lui fait face. Le condamné demande à pouvoir commander lui-même le feu, ce qui lui est refusé par le général Savary, aide de camp de Bonaparte, qui après avoir relu le verdict commande "en joue, feu".
Louis-Antoine de Bourbon Condé, dernier du nom, Duc d'Enghien, Prince du sang, est assassiné à l'âge de 32 ans. Ses exécuteurs n'auront pas le courage de le dépouiller de ses vêtements ni de ses objets ; lors de l'exhumation de son corps en 1816 on retrouvera dans ses poches des Louis et sa montre en or. Il est inhumé dans la sainte chapelle du château de Vincennes.