Dans la même semaine:
-Le ""procès""(guillemets de rigueur) de la Reine - épouse de Louis XVI et non reine de l'Exécutif - qui se terminera par ce qui n'est ni plus ni moins qu'un assassinat (le verdict ayant été posé avant le ""jugement"" monté de toutes pièces et uniquement à charge) puisque l'Autri-chienne (comme l'écrivaient élégamment les pamphlétaires) va être tuée à la vue de tous, tournant la page de la Royauté.
-L'immonde profanation des tombeaux de Saint Denis commencée le 12 octobre et qui va s'achever le vendredi 25 octobre.
Le lien entre ces deux évènements ? L'Eradication de la Royauté visuellement et en profondeur !
-Expulser de la direction de la France la Royauté en tuant le monarque régnant, ainsi que son épouse, en l'exécutant physiquement et visuellement devant le plus grand nombre, même sans raison légale ou juridique (ce qui n'a aucune importance)
-Extirper du sol de la république tout souvenir de ceux qui ont fait la France, seule façon pour les psychopates d'alors de bâtir sur d'autres bases, de créer un pays et un peuple, sans Histoire - du Passé faisons table rase - quitte à regénérer ce même peuple ou à le changer. Pour cela vider les tombeaux royaux est obligatoire.
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Le culte des morts n'a jamais été une vertu révolutionnaire et de tous temps (Goulag, camps hitlériens, Pol Pot, Frente Popular, Mexique etc...). La république va, à Saint Denis, montrer son avancée sur les autres.
Parmi les premiers, un écrivain-journaliste - Sylvain Maréchal - dès 1788 édite un calendrier dans lequel le nom des saints est remplacé par celui de savants ou Hommes de lettres. Il est emprisonné, pour cette hérésie, pendant trois mois. En 1790, dans "Révolutions de Paris "( aux côtés de Fabre futur Eglantine, Chaumette) il s'en prend à l'Eglise et à la Royauté, sans aucune sanction (ce qui démontre bien l'inanité de la dénonciation de la Censure par les révolutionnaires). En 1792 il lance cet appel :"Tandis que nous sommes en train d'effacer tous les vestiges de la royauté, comment se fait-il que la cendre impure de nos rois repose encore intacte dans la ci-devant abbaye de Saint-Denis ? /.../toute image de roi a été soustraite à notre vue et nous souffrons que leurs reliques, précieusement conservées dans des cercueils de plomb, insultent aux mânes de quantité de bons citoyens morts pour la défense de la patrie et de la liberté, et qui ont à peine reçu les honneurs de la sépulture. Le 22 septembre 1792, le lendemain du jour de l'abolition de la royauté, comment les Sans-culottes ne se sont-ils pas transportés à Saint-Denis pour y faire exhumer par la main du bourreau, les vils ossements de tous ces monarques orgueilleux qui, du fond de leurs tombes, semblent encore aujourd'hui braver les lois de l'égalité. Un Louis XIV, un Louis XV y attendent en paix leur successeur ; on dirait que la révolution les a respectés. Il ne devrait pas rester pierre sur pierre de l'édifice consacré à leur sépulture. Nos despotes poussaient la vengeance jusqu'à faire raser la maison de leurs assassins : infligeons leur la peine du Talion ; que les tombeaux de nos tyrans disparaissent et cessent de souiller plus longtemps la terre de la Liberté ; que les cendres de tous ces scélérats couronnés et trop longtemps impunis soient jetées au vent !"
Jamais en retard d'une forfaiture, Bertrand Barère monte, le 31 juillet 1793, à la Tribune d'une Convention encore hésitante sur ce sujet ; le marchand de cravate et incendiaire Barère, sans foi ni loi harangue les "représentants du peuple" et s'inspirant des écrits de Sylvain Maréchal s'enflamme: "Le Comité de Salut Public a pensé que pour célébrer la journée du 10 août qui a abattu le Trône, il fallait, pour son anniversaire, détruire les mausolées fastueux qui sont à Saint-Denis. Les porte-sceptres qui ont fait tant de maux à la France et à l'humanité, semblent encore, même dans la tombe, s'enorgueillir d'une grandeur évanouie. La main puissante de la république doit effacer impitoyablement ces épitaphes superbes et démolir ces mausolées qui rappelleraient des rois l'effrayant souvenir !"
Décret N° 655 du 1-2 août 1793, article 11: Les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l'église da Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain.
L'opération a commencé le 6 août. Pendant trois jours on démolit les tombeaux. Présent sur place, Dom Poirier, ancien bénédictin, archiviste de Saint-Denis et Commissaire, laissa un procès-verbal de cette dévastation - profanation -vandalisation : "En trois jours on a détruit l'ouvrage de douze siècles:" Ce premier stage des vandales ne s'en prit qu'aux tombeaux, cassant la pierre, récupérant les métaux immédiatement dirigés vers les fonderies.Heureusement quelques tombeaux furent sauvés par Alexandre Lenoir, Conservateur, pour son Musée des Petits-Augustins.
Le 12 octobre, ce n'est pas la populace qui envahit la Basilique Saintt-Denis comme cela est trop souvent raconté. C'est un système organisé, un groupe d'une trentaine de personnes, sous les ordres de la Convention et d'Alexandre Lenoir, pour casser la chaîne dynastique et "éradiquer" de leur dernier lieu de repos les rois, reines, princes, Grands serviteurs. Il ne suffisait pas de tuer un Roi et une Reine vivants, il faut, de plus, supprimer l'existence de la Royauté basée sur l'hérédité, leur légitimité. On s'acharne sur des cadavres pour briser leur existence sacrée.
Samedi 12 octobre: Profanation des tombeaux de Turenne et d'Henri IV.
Lundi 14 octobre: Profanation des tombeaux de Louis XIII, Louis XIV, Marie de Médicis, Anne d'Autriche, Marie-Thérèse d'Espagne, Gaston de France (fils d'Henri IV).
Mercredi 16 octobre: (Jour de l'assassinat de Marie-Antoinette) Le Régent Philippe d'Orléans, Henriette de France (épouse de Charles 1er d'Angleterre), Louis XV, Charles V, Jeanne de Bourbon.
Jeudi 17 octobre: Charles VI, Charles VII, Charles VIII, Isabeau de Bavière, Marie d'Anjou, Marguerite de France (épouse d'Henri IV), François II,
Vendredi 18 octobre: Henri II, Catherine de Médicis, Charles IX, Henri III, Louis XII, Anne de Bretagne (vers la même époque ses parents sont expulsés de leur tombeau de la chapelle des Carmes à Nantes, l'architecte Crucy ayant récupéré les gisants dès 1792), Jeanne de Navarre, Louis X, Jean 1er, Charles Le Chauve, Hugues Le Grand.
Samedi 19 octobre: Philippe IV le Bel, Dagobert et Nantilde son épouse.
Dimanche 20 octobre: Bertrand du Guesclin, Bureau de La Rivière (Chambellan de Charles V), François 1er, Claude de France, Louise de Savoie, Pierre de Beaucaire, Mathieu de Vendôme (Abbé de Saint-Denis).
Lundi 21 octobre: Philippe V et Philippe VI.
Mardi 22 octobre: Barbazan, Chambellan de Charles VII, Louis II de Sancerre Connétable de Charles VI, l'Abbé Suger, l'Abbé Troon.
Jeudi 24 octobre: Charles IV le Bel.
Vendredi 25 octobre: Jean Le Bon, Louise de France (fille de Louis XV et Bienheureuse).
Entre le 12 et le 25 octobre, Quarante deux Rois, Trente deux Reines, Soixantre trois princes, dix Grands serviteurs (dont Bertrand du Guesclin et Turenne), une Trentaine d'abbés et de religieux vont être exhumés et jetés (sauf Turenne) dans deux fosses communes et couverts de chaux vive ; en effet, il ne suffit pas de les retirer de leur dernière demeure mais il faut, de surcroît, les faire disparaître à tout jamais.Certains des présents vont prélever quelques rares reliques.
Violations de sépultures, profanations de cadavres sont de nouvelles valeurs ajoutées à celles, fondatrices (mensonge, vol, assassinats, soliations), de la république.
C'était il y a exactement 220 ans.