Jules Barthélemy Saint Hilaire (qui serait un fils naturel de Napoléon Bonaparte) fut le secrétaire général de la Présidence de la république, donc d’Adolphe Thiers qui avait repoussé la proposition de Monseigneur Darboy, archevêque de Paris de suspendre les exécutions sommaires. Thiers ayant refusé la proposition de la Commune d’échanger tous les otages contre le seul Blanqui la réaction de Barthélémy Saint Hilaire fut : « Les otages ! Les otages, tant pis pour eux ! ».
En ce 29 mai 1871 se termine l’équipée sanglante du soulèvement des révolutionnaires jacobins contre la république ; si on parle beaucoup de la répression par les Versaillais de Thiers, de 20 mille à 60 mille morts comme il est possible de le lire sur différents sites, les otages, outre qu’ils furent des victimes sanglantes, sont aussi des victimes de l’oubli. En 1991 le Premier secrétaire du parti socialiste, Pierre Mauroy surnommé Gros Quinquin ou rougeaud de Lille (dont il avait été le maire) à cause de ses origines nordiste et intempérante, dévoilait une plaque rendant hommage aux communards « Peuple de Paris qui a voulu la vie ».
Pas une ligne sur les otages.
Cette plaque est intéressante par son signalement des 30 mille fusillés ; les historiens avertis parlent d’une dizaine de milliers de morts dans les combats et d’exécutés sommaires (un historien américain citant même le chiffre de 4 mille). A la fin des hostilités 37 743 personnes (hommes, femmes, enfants - 538) furent mis en jugement.
Il y eut :
93 condamnés à mort exécutés
250 condamnations aux travaux forcés,
4400 déportations,
4500 condamnations à la prison,
3000 condamnations par contumace
MAIS
2500 acquittements
23000 non-lieux.
Dans ces condamnations se trouvent les responsables du soulèvement républicain contre la république au nom de l’Internationale socialiste et les responsables des exécutions d’otages et des destructions par incendies et explosifs de nombreux bâtiments publics.
D'abord les journalistes excités:
- Vermersch, co-fondateur du journal haineux Le Père Duchêne du nom du torchon révolutionnaire d’Hébert, se réfugie en Belgique et revient en France après l’amnistie.
- Vuillaume, co-fondateur du journal haineux Le Père Duchêne, fuit en Suisse.
- Lefrançais, co-fondateur du journal Le Père Duchêne, anarchiste tendance Bakounine, initiateur de la destruction des bâtiments de prestige parisiens, «Oui, je suis de ceux qui approuvèrent comme absolument moral de brûler ce palais essentiellement monarchique, symbole abhorré d’un exécrable passé […], où tant de crimes antisociaux avaient été prémédités et glorifiés ». Il fuit à Genève ; condamné à mort par contumace il revient en France après l’amnistie de 1880.
Les assassins :
- Bergeret, commandant des Communards de la place de Paris, responsable de l’incendie destructeur du palais des Tuileries : « Les derniers vestiges de la royauté viennent de disparaître; je désire qu’il en soit de même de tous les monuments de Paris ». Condamné à mort par contumace, il fuit à Londres puis s’exile à New York où il meurt en 1905.
- Bénot, garçon-boucher, Communard fanatique, coresponsable de l’incendie des Tuileries
- Dardelle, co-incendiaire des Tuileries, le Conseil de guerre de juin 1872 le condamne à mort par contumace ; il avait fui à Londres. Est-il rentré après l'amnistie de 1880 ?
- Madeuf, deux fois condamné pour attentas à la pudeur, chef d’état-major du gouverneur des Tuileries dont il est coresponsable de l’incendie. Condamné à mort par contumace, arrêté à Perpignan, condamné aux travaux forcés, puis en 1880 au bannissement.
- Minot, coresponsable de l’incendie des Tuileries, condamné à la déportation, mort sur l’île Trébéron en Crozon.
- Dabrowski, d’origine russe, tué sur une barricade,
- Delescluze, membre du Comité de Salut public, tué sur une barricade,
- Da Costa, condamnation à mort commuée en déportation au bagne ; bénéficie de l’amnistie de 1880.
- Rossel, responsable militaire des Communards, fusillé au camp de Satory le 28 novembre 1871.
- Ferré, fait incendier le Palais de justice, déclenche l’exécution des otages ; fusillé avec Rossel.
- Boudin, responsable de 5 assassinats au Tuileries, coresponsable de l’incendie des Tuileries, fusillé à Satory avec les deux précédents.
- Bourgeois, sergent des Communards, fusillé avec Rossel et Ferré
- Louise Michel, égérie anarchiste, déportée, amnistiée en 1880.
- Moreau de Beauvière, commissaire civil, arrêté et fusillé le 25 mai.
- Rigault, ancien Préfet de police et Procureur de la Commune, responsable des exécutions de la Grande Roquette et de la rue Haxo, fait prisonnier sur une barricade de la rue Soufflot, reconnu et sommairement fusillé le 24 mai.
- Varlin, membre de la Commune de Paris et de l’Internationale socialiste ; à moitié lynché par la foule qui l’a reconnu il est fusillé sommairement le 28 mai.
-Léo Melliet, membre du Comité de Salut public de la Commune, responsable de la prise des otages au collège Albert Legrand d’Arcueil. Fuit en Belgique ; condamné à mort par contumace. Rentre en France lors de l’amnistie. Il finit sa triste existence comme député radical-socialiste du Lot et Garonne.
- Sérizier, responsable du massacre des 13 personnes d’Arcueil, fusillé le 25 mai 1872, 1 an après les faits.
- Boin, coresponsable de la tuerie d’Arcueil, fusillé le 25 mai 1872 au camp de Satory avec Sérizier.
- Diard, Communard et alcoolique, s’est précipité pour la fusillade des Dominicains (il aurait tué le Père Bourard) ; condamnation à mort commuée en travaux forcés.
- Pascal, chiffonnier, Communard enragé, assassin du jeune (22 ans) Germain Petit, commis d’économat. Condamnation à mort commuée en déportation en Nouvelle Calédonie. Là il s’évade et aurait été tué par des Canaques.
- Quesnot, Chef d’escadron, a participé à la fusillade ; condamné à la déportation et revient en France lors de l’amnistie de 1880.
- Thaller, Alsacien d’origine, tué sur une barricade le 25 mai.
-Delorme, colonel fédéré du Fort de Vincennes ; fusillé dans les fossés le 30 mai 1871.
- Slomszynsky, secrétaire de Rigault, coresponsable d’exécution d’otages, condamné à mort par contumace, s’enfuit à Genève d’où il rentre après l’amnistie de 1880.
- Gustave Courbet, responsable de la destruction de la colonne Vendôme, s’exile en Suisse où il meurt en 1877.
- Protot, membre de la Commune, délégué à la justice, fait voter le décret sur les otages, blessé sur une barricade, s’exile à Genève, condamné à mort en novembre 1872, rentre après la loi d’amnistie. L’Ordre des avocats refuse sa réintégration au barreau de Paris.
- Cournet, responsable à la Sûreté générale, condamné à mort par contumace, se réfugie à Londres d’où il rentre après la loi d’amnistie.
- Ranvier, un des cofondateurs de la Commune, coresponsable de l’exécution d’otages et de la destruction de l’hôtel de Adolphe Thiers ; condamné aux travaux forcés en 1871 puis à la peine de mort par contumace en juillet 1874 il se réfugie à Londres. Il rentre clandestinement en France et meurt en 1879.
- Pindy, donne l’ordre d’incendier l’Hôtel de Ville de Paris ; les registres paroissiaux du XVIème siècle à 1792 ainsi que l’Etat-civil de 1792 à 1871 sont anéantis. Il part en Suisse où il meurt en 1917 ; condamné à mort en 1873.
- Jourde délégué aux Finances de la Commune, condamné à la déportation en Nouvelle Calédonie d’où il s’évade. Bénéficie de l’amnistie de 1880.
- Rochefort (Henri de Rochefort-Luçay), franc-maçon et polémiste-propagandiste de la Commune, emprisonné à Fort Boyard puis déporté en Nouvelle Calédonie d’où il s’évade pour l’Australie puis Londres. Il revient en France lors de l’amnistie.
- Grousset, journaliste et théoricien de la Commune, même cursus que Rochefort.
- Pain, chantre de l’application de la loi du Talion pour les Versaillais. Même cursus pénitentiaire que pour Rochefort et Grousset.
- Rouchy puis Brocher Victorine, égérie anarchiste, co-fondatrice des écoles Louise Michel, incendiaire de la Cour des Comptes, participe aux fusillades de la rue Haxo, fuit à Genève, condamnée à mort, rentre en France après l’amnistie et continue son combat anarchiste.
- Gimet Louise, anarchiste communarde, participe au massacre des otages de la rue Haxo. Condamnée à mort et emprisonnée à Saint Lazare dont les gardiens sont des religieuses, les Sœurs de Marie-Joseph. La Supérieure va chercher sa conversion qui se réalisera grâce à la lecture des ouvrages pieux rédigés par le Père Olivaint à l’assassinat duquel elle a participé ; Louise Ginet prendra l’habit en 1890.
Les Tuileries disparaîtront définitivement entre juin et décembre 1882
La haine Communarde n'est pas éteinte ; samedi 29 mai dernier 300 personnes qui défilaient pacifiquement en priant, de l’emplacement de la Grande Roquette jusqu'à l'église Notre Dame des otages, ont été violemment attaquées par des descendants de Varlin et Sérizier; certaines ont été gravement blessées. On entend des slogans originaux : "A bas la calotte" ; on ne pense pas qu'il viendrait à l'idée de ces "braves gens" de brailler " A bas le keffieh" devant une manifestation musulmane. Le courage a ses limites !