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L'HERMIONE LA TOUCHE TREVILLE 1779-2019, SOUS PAVILLON ROYAL

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L'HERMIONE LA TOUCHE TREVILLE 1779-2019, SOUS PAVILLON ROYAL

L'Hermione, la réplique construite en 17 ans selon les plans de sa sœur jumelle Concorde, a touché terre aux Amériques en 2015, 235 ans après son original. Rappelons que la gloire de cette frégate ne repose que sur la qualité de son commandant, Louis- René Le Vassor de la Touche, lors de ses hauts faits et ne doit rien à La Fayette qui n’a fait dessus qu’un aller, comme passager – heureusement pour le bateau - (départ de Rochefort le 21 mars 1780, arrivée à Boston le 27 avril) le retour se faisant à bord de la frégate américaine USS Alliance (commodore John Barry)  le 28 décembre 1784 (Revue du Souvenir Chouan de Bretagne N° 45 août 2018)..

Louis-René-Madeleine Le Vassor de La Touche naît, le 3 juin 1745, à Rochefort - dans la province de l'Aunis à la limite de la Saintonge - devenue en 1790 le département de la Charente-Inférieure.

Il devint comte de Tréville au décès de son oncle en 1788.

Entré dans les Gardes-marine en 1758 il prend part aux combats de la guerre de Sept-ans en 1759 sur Le Dragon commandé par son père, du côté de Belle-Ile.

Il est nommé commandant de L'Hermione frégate de 12 armée de 34 canons dont 26 de 12 (calibre qui donne son nom à cette classe de frégate) mise en chantier dans la forme Colbert à Rochefort en 1778, lancée six mois plus tard, armée cinq mois après soit onze mois entre la pose de la quille et les essais à la mer.

C'est Monsieur de La Touche qui va donner la gloire à L'Hermione et non le petit marquis. Dès mai 1779 au large de l’île d'Yeu, après de savantes manœuvres, il capture un corsaire anglais, le 29 mai il recommence et récidive avec trois navires de commerce ; il recevra en récompense la Croix de Saint Louis.

En mars avril 1780 il emmène le gentil marquis aux Amériques. Là Lafayette recevra une gloire quelque peu usurpée (par rapport aux vrais combattants tel Armand Tuffin Marquis de La Rouërie ou l'amiral du Chaffault, Suffren, Rochambeau, de Grasse, Estaing et combien d'autres) sans doute favorisée par ses liens maçonniques avec Washington.

L'Hermione a eu un beau destin sous pavillon fleurdelisé. Après de nombreuses campagnes victorieuses sa carrière va s'achever sous le pavillon tricolore. Le 20 septembre 1793, sous le commandement de Pierre Martin (futur amiral de la révolution, ayant servi auparavant sous l'amiral d'Estaing ou le marquis de Vaudreuil). Le 20 septembre 1793, en protection d’un convoi transportant de l'armement pour Lorient puis Brest, à la sortie de l'estuaire de la Loire, la frégate va s'échouer sur les rochers du plateau du Four, au large du Croisic, vers 18 h et coulera le 21 vers 10 H. Le capitaine Martin quittera le dernier le navire après que le Maître d'équipage ait actionné une dernière fois son sifflet.

Extraits du Procès-verbal du naufrage de la frégate Hermione sur le Four
« Aujourd'hui vingt septembre mille sept cent quatre vingt treize l'an 2ème de la République française une et indivisible, la frégate l'Hermione commandée par le citoyen Martin Capitaine de Vau est appareillé de Mindin dans la rivière de Nantes pour se rendre à Brest avec un convoy d'après l'ordre qu'il en avoit reçu du Ministre.[…] Il la remis entre les mains du citoyen Guillaume Guillemin pilotte cotié de la frégate et provenant du batiment le Phénix qui avait relevé l'Hermione à la station de Mindin. Nous étions au plus près tribord amures sous le petit hunier et le perroquet de fougue pour entretenir un convoy de 12 batiments que je devois mettre devant Brest. A 6 h.1/4 un grand batiment du convoy qui se trouvoit derrière la frégate vira de bord. Je demandois au pilotte pourquoi ce batiment viroit et s'il y avoit du danger à craindre sous le vent. il me repondit que non. Lorsqu'on cria brisants sous le vent le pilotte assuroit que ce n'étoit pas des brisants mais la force du courant qui faisoit cet effet...... A 8 heures du matin la mer se trouvant au 2/3 basse la frégate a donné de la bande dans un instant avec une vitesse incroyable et dans ce mouvement rapide et s'est crevé totalement le coté de tribord. J'ai continué à faire travailler à sauver tous les effets de conséquence qui se trouvoient possible et de les faires transporter à bord du chasse marée ou nous avons été prévenus que si les vents passoient à l'ouest avec force il serait possible dans la position ou se trouvoit la frégate qu'il périroit beaucoup de monde. A la basse mer la frégate nous a paru totallement crevé. L'équipage s'est décidé avoir de l'abandonner et a passé sur les chasse-marées qu'on nous avoient envoyé du Croisic. J'ai abandonné le batiment à 10 heures du matin le dernier avec le maître d'équipage qui a donné trois coups de sifflet pour s'assurer qu'il ne restoit plus personne à bord. Je n'ai que le meilleur témoignage à rendre de l'Etat Major et des principaux maîtres et de tout l'équipage qui se sont tous portés avec le plus grand zèle la plus grande activité à exécuter les ordres que j'ai donné jusqu'au moment ou nous avons abandonné la frégate. On ne peut attribuer qu'a l'ignorance du pilotte costié la perte de la fregate qui paroit infaillible. Malgré tout ce que j'ai pû lui dire il m'a donné toutes les raisons qu'il setoit trompé et qu'il ne se croyoit pas aussi près du Four. Je l'ai amené à terre avec moi et l'ai remis entre les mains du juge de paix avec une dénonciation par écrit par laquelle je demande que ce pilotte soit intérogé publiquement devant tout mon équipage et le public du Croisic, afin qu'il soit constaté juridiquement que c'est par sa faute seulement que la frégate a été mise à la côte ».

Le pilote côtier, le croisicais Guillaume Guillemin est le responsable du naufrage. L’équipage, d’après son commandant a bien manœuvré.

Mais il faut savoir que Le Croisic est une ville en révolte contre le jacobinisme parisien. Après un vote, la population s'était rendue aux Chouans qui, sous les ordres de Thomas de Caradeuc et Guérif de Lanouan, avaient pris Guérande le 18 mars 1793. Guillaume Guillemin aurait-il été un des éléments des Révoltés désirant apporter son récif (sa pierre ou son rocher!) à la révolution, en coulant un bateau de la révolution, voire plusieurs bateaux du convoi ?  Les autres capitaines s'étant méfiés et ayant changé de route seule l'Hermione terminera, sous pavillon tricolore, sa glorieuse carrière royale.

Nous serions donc en face d’un acte volontaire de sabordage.

 D'accord ce n'est plus la même époque pour la réplique de L'HERMIONE et la marine en bois n'est plus d'actualité comme elle l'était il y a 230 ans. Les lois de la navigation ont changé et il a fallu céder à ces lois : Feux de position électriques, congélateurs pour la nourriture, toilettes agrées, cabestans électriques, moteurs électriques pour les navigations portuaires, navigation par GPS, ce qui a donc demandé la présence de groupes électrogènes, mais aussi de cuisines permettant de nourrir les 80 membres d'équipage. Une mise aux normes du XXIème siècle alourdissant la frégate.L'accastillage, le gréement sont assez conformes à l'Hermione, à quelques détails près. Non c'est vraiment une belle réalisation qui a permis à beaucoup de métiers de retrouver le savoir de leurs ancêtres.

L'HERMIONE LA TOUCHE TREVILLE 1779-2019, SOUS PAVILLON ROYAL
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PERE PAUL DONCOEUR : NOUS NE PARTIRONS PAS !!! Un prêtre qui aurait été Chouan !

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PERE PAUL DONCOEUR : NOUS NE PARTIRONS PAS !!! Un prêtre qui aurait été Chouan !

Il y a un siècle.  Depuis le 11 novembre 1918, le Père Jésuite Paul Doncoeur arpente le champ de bataille de 14-18 pour exhumer et inhumer dignement les soldats morts au Champ d’honneur. Et en septembre 1919 il a béni le monument qu’il a érigé et fait ériger pour 147 soldats.

Né à Nantes le 6 septembre 1880 (et déclaré le 8) Paul, Jules, Eugène, Damiette, est le fils de Georges Doncoeur (32 ans), sous-lieutenant au 25ème régiment de Dragons, demeurant Quai Richebourg, et de Léonie Rose Legrez (20 ans) son épouse.

[Le Quai Richebourg n’existe plus depuis le comblement de la Loire entre 1930 et 1941 ; son nom est maintenant Allée du commandant Charcot.]

Son quatrième prénom, Damiette, provient de ce que Saint Louis avait associé aux Doncoeur le nom de cette ville priser par leur ancêtre lors de la 7ème Croisade.

Aîné de huit enfants élevés dans la foi catholique il découvre sa vocation religieuse alors que son père est en garnison à Verdun ; il a onze ans. S’en confiant à son père celui-ci accepte mais exige : « Mon fils je suis d’accord pour que tu serves Notre Seigneur mais à condition que tu sois un saint prêtre. Je ne conçois que de saints prêtres ». Il poursuit ses études chez les Jésuites à Reims. IL entre au noviciat que les Jésuites ont conservé près d’Amiens, à Saint Acheul, malgré les lois d’expulsion Jules Ferry de 1880 mais celles-ci visaient, dans un premier temps, les établissements d’enseignements secondaires et supérieurs.

Mais en 1901 Waldeck-Rousseau, grand démocrate, radical-socialiste et Franc-maçon, fait voter la loi sur les Congrégations et leur expulsion ; sauf à demander leur intégration. Les Jésuites et leur général refusent cet asservissement ; Paul Doncoeur, comme les autres Jésuites, prend le chemin de l’exil et va en Belgique poursuivre ses études. Entre 1901 et 1909 les attaques contre l’Eglise de France se poursuivent avec l’appui d’un Clemenceau et d’Emile Combes, ancien grand-séminariste (il a reçu la tonsure), radical-socialiste et Franc-maçon. En décembre 1905 c’est la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ; qu’il serait plus juste d’appeler Loi de séparation de l’Etat et de l’Eglise car l’Eglise n’a rien demandé et s’est trouvée confrontée à un diktat !

Paul Doncoeur suit, meurtri, ce combat de la Belgique puis de Jersey où les Jésuites ont créé un séminaire florissant à Saint Hellier. Puis il revient en Belgique au séminaire d’Enghien. C’est là qu’il recevra le sacerdoce en 1912.

Le Père Paul Doncoeur rentre en France et s’arrête à Lille où il va à l’évêché solliciter de Monseigneur Alexis-Armand Charost, évêque, la possibilité d’être aumônier militaire. En effet tous les Membres de Congrégations religieuses expulsées sont automatiquement réformés et considérés comme inaptes au combat. Ce qui les différencie des Prêtres-soldats (il serait plus logique de parler de soldats-prêtres car ils ont été mobilisés en tant que citoyens-soldats et non comme prêtres). Le Père Doncoeur va arriver, en forçant, à se retrouver comme aumônier auxiliaire, sans solde. De là il va, à cause des circonstances effroyables de la guerre, se retrouver en première ligne car, ainsi qu’il le disait à Foch, son sacerdoce le plaçait avec les vivants plutôt qu’aux arrières avec les morts.

Affecté à la 28ème compagnie, enfin fait aumônier titulaire à cause de sa bravoure, il subit le feu des combats, va entre les lignes apporter le réconfort de la Foi aux blessés au péril de sa vie ; au service de son sacerdoce. Même une fois, outrepassant sa neutralité d’aumônier, il va, les quatre colonels ayant été tués, le dernier gradé, un commandant blessé, prendre la direction des opérations et ramener les soldats à l’abri !

Son irritation se transformera en révolte lorsqu’il est appelé pour assister un soldat condamné à être fusillé ; non par pour désertion comme cela est écrit mais pour tentative d’assassinat d’un de ses officiers (ras le bol de la tuerie). Ce soldat est totalement mécréant ; dans le peu de temps dont il dispose il arrive à le faire passer du stade indifférent, puis moqueur enfin intéressé. Il lui fera en quelques minutes son éducation religieuse, le baptisera et lui fera faire sa première (et dernière) communion. Tout ce qu’il n’a jamais appris à l’école. Il l’accompagne au poteau puis à genoux près du cadavre il commentera : « Et moi, agenouillé près de lui, je sentis monter dans mon cœur des colères que je n’avais jamais éprouvées de ma vie. Ah ! On m’avait interdit d’enseigner ce petit à l’école et l’on avait eu besoin de moi pour le conduire au poteau ! Bien au-delà de ceux qui défilaient sans paraître comprendre [Selon le règlement, le régiment défile devant le cadavre après l’exécution], mon regard allait chercher ceux qui, embusqués aux arrières confortables, avaient voulu cela. Ceux qui, ayant refusé à ce petit gars de France toute religion, lui avaient interdit toute discipline, toute foi, toute espérance et l’avaient jeté au feu en lui criant : Marche ou crève ! Parce que dans son désespoir ce malheureux sans étoile s’était révolté et s’était jeté sur ses chefs, on l’avait abattu ».
La guerre se termine le 11 novembre 1918. Avec des volontaires qui ont demandé le report de leur démobilisation il va faire le champ de bataille pour retrouver et inhumer dignement ses compagnons de combats. En particulier celui de Wacques, sur le site d’une ferme chèrement défendue et à proximité de laquelle, dans une carrière, à Confrécourt, il a fait sculpter un autel (toujours visible) sur lequel il dira la messe pendant les offensives. A Wacques il va dresser un monument pour les 147 morts retrouvés sur les presque 2.000 tués là quatre ans auparavant et dont les ossements de certains sont à l’air libre.

Il recevra la Croix de guerre avec palmes (7) et sera fait Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur à titre militaire (rien à voir avec les chanteurs, les cyclistes, les footballeurs etc.).

Alors, lorsqu’en 1924 le Président du Conseil Edouard Herriot [radical-socialiste, franc-maçon qui disait « la politique c’est comme l’andouille, il faut que ça sente la merde mais pas trop » pense expulser à nouveau les Congrégations, l’ancien aumônier des champs de bataille, décoré pour sa bravoure n’en peux plus et écrit une lettre ouverte tonitruante à Herriot : 

 « Eh bien ! Non nous ne partirons pas. Pas un homme, pas un vieillard, pas un novice, pas une femme ne repassera la frontière, cela jamais ! J’ai vécu douze ans en exil, de 22 à 34 ans, toute ma vie d’homme. Je vous le pardonne. Mais le 2 août 1914, à 4 heures du matin, j’étais à genoux chez mon supérieur. C’est demain la guerre, ai-je dit, ma place est au feu. Et mon supérieur m’a béni et m’a embrassé. Par des trains insensés, sans ordre de mobilisation (j’étais réformé), sans livret militaire, j’ai couru au canon, jusqu’à Verdun. Le 20 août, à l’aube, avant la reprise du combat, à la recherche des blessés du 115ème, j’avançais au-delà des petits postes, quand tout à coup, je fus enveloppé par le craquement de vingt fusils, et je vis mon camarade étendu de son long, contre moi, sur la route, la tête broyée. J’ai senti à ce moment que mon cœur protégeait tout mon pays. Jamais je n’avais respiré l’air de France avec cette fierté, ni posé mon pied sur sa terre avec cette assurance.

« Je ne comprends pas encore comment je ne fus pas tué alors, ni vingt fois depuis. Le 16 septembre, j’étais prisonnier devant Noyon, en plein combat ; en novembre, j’étais de nouveau en France et en décembre je retrouvais le feu avec la plus belle des divisions, la 14ème de Belfort. Avec elle, je me suis battu trente mois, jusque devant Mézières, le 11 novembre 1918. J’ai été trois fois blessé, je garde toujours sous l’aorte un éclat d’obus reçu dans la Somme… et, démobilisé, j’ai commis le crime de rester chez moi… Et maintenant vous me montrez la porte !

« Vous voulez rire M. HERRIOT ! Mais on ne rit pas de ces choses. Jamais, pendant cinquante mois, vous n’êtes venu me trouver, ni à Tracy-le-Val, ni à Grouy, ni à Souain, ni au fort de Vaux, ni à Brimont, ni à la Côte 304, ni à Tahure. Je ne vous ai vu nulle part me parler, et vous osez me faire sortir aujourd’hui ? Vous n’y pensez pas ! Ni moi, entendez-vous, ni aucun autre (car tous ceux qui étaient en âge de se battre se sont battus), ni aucune femme, nous ne reprendrons la route de Belgique. Cela jamais ! Vous ferez ce que vous voudrez, vous prendrez nos maisons, vous nous ouvrirez vos prisons – il s’y trouve en effet des places laissées libres par qui vous savez – soit ! Mais partir comme nous l’avons fait en 1902 ? Jamais !

« Nous avons aujourd’hui un peu plus de sang dans les veines, voyez-vous, et puis, soldats de Verdun, nous avons appris aux bons endroits ce que c’est que de s’accrocher à un terrain. Nous n’avons eu peur ni des balles, ni des gaz, ni des plus braves soldats de la Garde ; nous n’aurons pas peur des embusqués de la Politique. Et je vais vous dire maintenant pourquoi nous ne partirons pas. Ce n’est pas de courir au diable qui nous effraie. Nous ne tenons à rien, ni à un toit, ni à un champ. Jésus-Christ nous attend partout et nous suffira toujours au bout du monde. Mais nous ne partirons plus parce que nous ne voulons plus qu’un Belge, ou qu’un Anglais, ou qu’un Américain, ou qu’un Chinois, ou qu’un Allemand, nous rencontrant un jour loin du pays, nous pose certaines questions auxquelles nous répondrions, comme jadis, en baissant la tête : « La France nous a chassés ». Pour l’honneur de la France – entendez-vous ce mot comme je l’entends ? – pour l’honneur de la France, jamais nous ne dirons plus cela à un étranger. Donc nous resterons tous. Nous le jurons sur la tombe de nos morts ! ».

Prêtre, oui, convaincu, totalement, mais aussi homme, vraiment homme ! Comme on dirait maintenant : il en avait !

PERE PAUL DONCOEUR : NOUS NE PARTIRONS PAS !!! Un prêtre qui aurait été Chouan !
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JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

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JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

Ce matin, vers 11 H, nous nous sommes retrouvés à 7 (dont un courageux venu du Morbihan - merci à lui) , à proximité du Belem, Quai de La Fosse, pour honorer la mémoire des milliers de victimes des noyades de Nantes. Peu nombreux, certes, mieux que deux l'an dernier et mieux que je l'appréhendais.

Pas de pluie et même du soleil. Nous sommes allés sur le pont Anne de Bretagne pour jeter quelques roses rouges, couleur du martyre, auxquelles étaient attachées trois "bannières" portant ces mots : Hommage aux victimes des noyades 1793-1794. La marée était descendante jusqu'à 15 H 30. Le temps de prononcer "Requiem aeternam dona eis Domine et Lux perpetua luceat eis" et de regarder nos fleurs partir au gré du courant nous avons repris nos véhicules pour nous diriger vars la butte Sainte Anne.

JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

Les voitures garées nous  découvrons le panorama assez exceptionnel de Saint Clément à Trentemoult depuis le belvédère de Tadashi Kawamata (architecte japonais à croire que les nôtres n'ont pas d'idées!) qui est en surplomb d'une vingtaine de mètres au dessus du Quai d'Aiguillon. Cela permet d'expliquer le trajet que parcouraient les sapines depuis le point d'embarquement des malheureux jusqu'à leur disparition au fond du fleuve. Le récit des noyades, l'emploi de bateaux pas chers (en sapin d'où leur nom de sapines) et non de galiote cheres que l'on ne coulait pas même si elles avaient servi de prisons flottantes. Tordre le cou aussi à certaines légendes graveleuses, comme lu récemment dans une revue en général de bonne tenue, de lier ensemble face à face un prêtre et une religieuse nus ou un père nu ayant sa fille attachée nue à genoux devant lui ! Phantasme malséant et ridicule, l'horreur du procédé des noyades se suffisant !

Un nouveau belvédère, proche du précédent, permet de surplomber les carrières de Misery qui furent un lieu d'assassinat par balle - le terme fusillade n'étant pas approprié car les victimes avaient en face d'elles un soldat et non un peloton - à une période indéterminée. Anne parle de la période où les carrières de Gigant étaient fermées à cause des exhalaisons putrides ; or les deux lieux ont eu une activité juxtaposée. Misery permettait, par contre,  de jeter les cadavres directement dans la Loire.

JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

Nous nous sommes arrêtés quelques minutes devant une fresque murale relatant la souffrance des Acadiens chassés de leurs terres de Nouvelle France (actuel New Brunswick) par nos "amis" Anglais de 1775 à 1785. Un grand nombre vint se réfugier à Nantes. Certains firent souche, d'autres repartirent pour la Louisiane.

JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

Nous avons ensuite rejoint le manoir de La Hautière qui vit s'éteindre le 27 juin 1794 le grand Amiral Louis-Charles du Chaffault mort de misère et de détresse. Il aurait été inhumé dans le cimetière de Miséricorde où je n'ai pas trouvé sa tombe. Le manoir était construit sur une terre s'appelant l'Hermitage qui vit éclore le couvent des Petits- Capucins. C'est de ce couvent que partirent les prêtres noyés en Loire dans la nuit du 16 au 17 novembre 1793. Ils avaient auparavant été enfermés à bord de la galiote "La Gloire" ancien bateau négrier ; ils en avaient été extraits à la suite de leur demande à l'évêque constitutionnel Minée. Le seul geste charitable qu'il aura eu pour ses confrères. Minée abjurera son épiscopat, son sacerdoce et sa foi le soir du 16 novembre 93, du haut de la chaire du club Vincent La Montagne, actuelle église Sainte Croix où l'on voit la chaire. Ce Quartier de Nantes, territoire de Chantenay, s'appelait sous la révolution "Quartier Brutus" et faisait partie de la XVIIIème section nantaise.

JOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTESJOURNEE 2019 DU SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES

Nous nous sommes promenés dans ce quartier érigé en paroisse sainte Anne sous l'épiscopat de Monseigneur Jean-François de Hercé, neveu de l'admirable évêque de Dol fusillé sur le plateau de La Garenne à Vannes le 28 juillet 1795 après l'affaire de Quiberon. Les rues traversées portent des noms évoquant l'Histoire : Amiral du Chaffault, Luzançais, L'Hermitage, Les Garennes, La Hautière etc.

Nous avons terminé notre périple par "Le parc des Oblates" ancienne propriété des Sœurs Franciscaines Oblates du Sacré-Cœur cédé à la mairie de Nantes sous certaines conditions ; ce qui fait que, aux détours des chemins, vous rencontrer la Sainte Vierge, Sainte Anne et Marie, le Sacré-Cœur, Saint Michel, Saint Joseph, que de bonnes rencontres !!! Les religieuses ont gardé leur cimetière qui sert encore.

Une belle journée et merci à Sainte Claire pour le beau temps.

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SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES EN 1793-1794, SAMEDI 16 NOVEMBRE 2019

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SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES EN 1793-1794, SAMEDI 16 NOVEMBRE 2019

Finalement je reviens sur ma décision d'annuler et propose de rappeler les Noyades de Nantes qui commencèrent le Samedi 16 novembre 1793 sous la mandature du Représentant en mission Jean-Baptiste Carrier.

Le rendez-vous est fixé Quai de la Fosse à côté du Belem à ONZE HEURES,  SAMEDI 16 NOVEMBRE soit 226 ans jour pour jour.

Lancer de fleurs depuis le pont Anne de Bretagne. Une variante du parachutage de la gerbe ; chaque participant aura une fleur à jeter. Nous nous rendrons ensuite sur la butte Sainte Anne découvrir le quartier de Chantenay et les carrières de Misery qui furent un des lieux d'exécutions des prisonniers de Nantes, qu'ils soient Vendéens, Bretons ou autres. Nous irons aussi au manoir de Luzançay où mourut de misère le grand Amiral Louis-Charles du Chaffault le 27 juin 1794.

Nous pourrons voir les deux fresques consacrées aux Acadiens de la Nouvelle France (New Brunswick maintenant) chassés de leurs terres par les Anglais entre 1775 et 1785, "Le Grand Dérangement".

Il est prévu que la réunion se  termine à MIDI. Mais si par hasard certains des présents désiraient poursuivre l'après-midi j'ai des sujets en réserve et nous pourrions déjeuner dans une brasserie.

La plaque de 2018 est toujours là et protégée par deux barrières !

Contact par le biais du Blog ou Mél ou FB.

SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES EN 1793-1794, SAMEDI 16 NOVEMBRE 2019SOUVENIR DES NOYADES DE NANTES EN 1793-1794, SAMEDI 16 NOVEMBRE 2019
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COURAGEUX INSULTEUR ANONYME DE LA MEMOIRE DES VICTIMES.

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COURAGEUX INSULTEUR ANONYME DE LA MEMOIRE DES VICTIMES.

Je ne tiens pas à garder égoïstement ce commentaire arrivé ce matin sur le Blog du Souvenir Chouan de Bretagne. Courageusement l'expéditeur a bloqué son adresse électronique. 
Ecrire des propos insultants pour les victimes innocentes oui, mais dans un courageux anonymat.

Vive le Pere Duchesne, vive la révolution qui a raccourci les nobles et les curés et fait naître la république égalitaire .

Ce commentaire faisait suite à mon article sur le Père Duchesne en …... 2012 et, finalement, toujours d'actualité !

Quant à la république égalitaire, à part l'égalité par la guillotine, l'auteur devrait chercher à s'informer sérieusement !

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REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799

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REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799

IL Y A 220 ANS EXACTEMENT. Le 2 novembre, sous les ordres de Louis-Charles de Sol de Grisolles, les Chouans de la région de Redon, Rhuys, Malestroit prennent La Roche Bernard puis Questembert et Rochefort en Terre le 7.

A Lohéac, le 7, les Chouans interceptent un message du capitaine Gély au général Michaud, de l’Etat-major du général Hédouville à Rennes, sur l’insuffisance des 60 hommes de la garnison de Redon pour garder l’important magasin d’armes et de vêtements militaires provenant de deux bateaux destinés à Nantes mais réfugiés dans le port de Redon à cause d’avaries.

L’ancienne abbaye et le clocher renfermaient vingt cinq milliers de livres de poudre, 1200 paires de chaussures, 200 paires de bottes, des selles en quantité et de vieux canons.

L’ordonnance capturé à Lohéac s’échappa et retourna à Redon prévenir le capitaine Gély qui organisa la défense de la ville et des retranchements pour assurer la protection de l’abbaye-entrepôt, de la mairie voisine (qui n'est pas l'actuelle) et de la tour clocher, séparé de l'abbatiale depuis le funeste incendie de 1780, parti du buffet d'orgue (certainement un court-circuit comme à Notre Dame de Paris !!!).

Dans son rapport à son chef, le général Michaud, le capitaine Gély écrit :"Des patrouilles multipliées se succédaient chaque nuit mais ne pouvaient s’étendre trop loin, crainte de surprise. 5 H le 10 novembre, je fus visiter toutes mes sentinelles. Le plus grand calme régnait. Je rentrai lorsque trois ou quatre coups de fusil partirent près du poste de la prison ; je criai « aux armes » ; la garde sortit, les sentinelles se replièrent. L’ennemi avait déjà cerné la ville aux deux extrémités. Les postes n’eurent que le temps de se retirer à grande hâte au temple (l’église) que nous occupions à l’abri des retranchements que nous avions élevés". 

Au nombre de 1.500, les Chouans pénètrent de toutes parts et ne rencontrent qu’une faible résistance jusqu’à l’îlot formé par la mairie, la tour-clocher, le monastère, l‘église transformée en forteresse improvisée où se sont retranchés le capitaine Gély et la garnison. Il s’y trouve aussi de nombreux habitants angoissés dont une foule de femmes, de vieillards et d’enfants.

N’ayant pu obtenir la capitulation des assiégés, les Chouans après deux heures d’échanges de coups de feu les somment de se rendre et de déposer les armes avec la seule faculté d’emmener leurs bagages.

Le capitaine Gély refusa ; il relate dans son rapport :

"L’ennemi s’empara des maisons qui nous entouraient et avait, ainsi que nous, les moyens de se soustraire au feu. Le ci-devant couvent des Bénédictins que nous occupions est immense. Une force aussi peu conséquente que la nôtre ne pouvait garder entièrement les communications de ce bâtiment. Le feu ayant duré deux heures, l’ennemi envoya deux parlementaires qui s’introduisirent par les arrières et me firent connaître verbalement que nous étions sommés, de la part du chef rebelle, de nous rendre si nous ne voulions pas y être contraints par la force et l’incendie des bâtiments qui nous couvraient. Nous fîmes réponse également verbale que nous n’entrions dans aucune capitulation et que nous avions par devers nous  les moyens de nous défendre. Alors nous arborâmes sur les retranchements le drapeau tricolore, au chant de La Marseillaise. Nous continuâmes le feu durant quatre heures.

Nous nous aperçûmes que l’ennemi faisait amonceler des fagots et de la paille pour mettre à exécution ses menaces d’incendie. Ces préparatifs faits, il envoya derechef nous sommer par écrit de nous rendre, nous donnant vie et bagages saufs, nous faisant connaître que deux pièces de quatre, prises à bord d’un bâtiment, étaient disposées pour battre nos retranchements et que, passé ce moment, il n’accorderait aucune capitulation. Je lui fis réponse, par écrit, que nous ne nous rendrions qu’en sortant avec armes et bagages, vies et propriétés sauves pour tous les habitants de la commune.

J’avais rassemblé, pour conférer sur cette sommation, le citoyen  Chevalier -commissaire du Directoire exécutif- mon sergent-major et mon fourrier.

Le citoyen Chevalier et mon fourrier se chargent de ma réponse qui fut refusée, l’ennemi s’obstinant à avoir nos armes. Au bout d’une heure de continuation du feu, il me fut fait une dernière sommation sous les premières conditions. Je m’en tins à mes dernières qui me furent enfin accordées. Le feu cessa de part et d’autre. J’eus un quart d’heure de conférence avec le chef ; je lui recommandais deux hommes blessés dangereusement ; j’obtins une voiture pour deux autres blessés légèrement et nous fûmes obligés de défiler par la route de Nantes vers trois heures de l’après-midi.

L’ennemi a dû perdre quatre hommes et une douzaine de blessés. Sa force me sembla être de 900 ou 1.000 hommes, tous armés, dont la moitié paysans, le reste guère aguerris. Il est notoire que nous eussions pu encore tenir des heures, si nous eussions été sûrs d’un secours mais alors, à cet effet,  nous eussions été à discrétion, au pouvoir d’un ennemi furieux. D’ailleurs nos arrières interceptés nous ôtaient les moyens de nous pourvoir en eau dont les combattants avaient le plus pressant besoin.

Arrivés sur la route de Nantes, je crus devoir me diriger sur Bain (Blain note SCB) où j’avais une partie de ma compagnie. Quatorze bourgeois nous suivirent avec leurs armes et le drapeau de la Garde Nationale. M’étant aperçu qu’il manquait un de mes soldats je m’assurais par ses camarades qu’il était demeuré avec les rebelles. Sa conduite me surprit d’autant qu’il s’était parfaitement comporté pendant l’action. Ce militaire est un étranger Ecossais, incorporé depuis l’affaire de Quiberon où il était débarqué avec les Anglais.

Louis-Charles de Sol de Grisolles (natif de Guérande, sa mère est Madame de Sécillon famille propriétaire du château de Trégouët en Béganne) s’empara alors dans le magasin installé dans l’ancienne abbaye  de fournitures, d’armes et de poudre qu’il fait évacuer par bateaux, sur la Vilaine,  pour les entreposer au château de Trégouët à Béganne. Comptant prolonger son séjour il réquisitionne aussi des charpentiers pour confectionner nuit et jour des affûts de campagne afin d’utiliser ainsi les canons et pierriers tombés en son pouvoir.

Sol de Grisolles ne sait pas encore que la veille, 9 novembre, 18 brumaire, le Directoire est tombé par le Coup d'Etat de Napoléon Buonaparte. Et que la dictature Directoriale va cesser...avant qu'une autre ne s'installe !

Son occupation de Redon ne va durer que quatre jours, le temps de faire le ménage dans les réserves républicaines !

 

REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799REDON EST PRISE PAR SOL DE GRISOLLES, 10 NOVEMBRE 1799
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