MONTENEUF (56), ABBÉ PIERRE HERVE, 25 AOÛT 1794
Dans le transept Nord de l’église de Monteneuf, près de Guer dans le Morbihan, une simple plaque en marbre blanc fixée à proximité d’un joli confessionnal en chêne, du XVIIIème siècle.
Sur la plaque, gravé en lettres d’or, le nom de Pierre Hervé.
Né le 16 février 1762 au village du Breil (entre Monteneuf et Porcaro) il est baptisé le même jour en l’église de Monteneuf. Il fait ses études au petit séminaire de Saint Malo de Beignon et entre au Grand séminaire de Saint Méen le Grand. Après le diaconat reçu en 1786 il est ordonné prêtre, en juin 1787, par Monseigneur Gabriel Cortois de Pressigny, évêque de Saint Malo, diocèse dont relèvent Guer, Monteneuf, Ploërmel. L’évêché est supprimé par la Constituante en octobre 1790 mais avec nul effet pour le Droit Canon romain, ce qui explique que l’archevêque de Rennes porte les titres d’évêque de Dol de Bretagne et de Saint Malo.
Un temps vicaire à Maure de Bretagne, relevant aussi de Saint Malo, l’abbé Pierre Hervé est nommé en janvier 1789 à Monteneuf comme vicaire auxiliaire du recteur M. Foulon et chapelain de la frairie et de la chapelle de La Grée Basse. Monteneuf et La Grée Basse dépendront donc de l’évêque de Vannes à partir d’octobre 1790.
L’abbé est de constitution puissante, bâti en armoire à glace, selon un témoignage de l’époque, doté d’une force exceptionnelle ; il déplaçait une barrique pleine en la portant !
Il ne prête pas serment à la Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 et accomplit son ministère en se dissimulant dans sa famille ou chez des amis dont il bénéficie de la complicité ; il a apprit à tous à ne pas mentir. Ainsi, un jour qu’il est poursuivi par les Bleus, il voit un paysan en train de réparer un fût abîmé ; il lui demande de retourner le fût sur lui afin de le cacher. Ce que fit le paysan auquel les Bleus, en arrivant, lui demande s’il n’a pas vu passer un calotin. « Je ne l’ai pas vu passer » répondit-il tout en continuant à taper sur son fût, la conscience tranquille ; en effet l’abbé n’était pas passé il était sous le fût !
Bien que classé comme « modéré » par la gendarmerie de Ploërmel les gendarmes de Malestroit avaient reçu l’ordre de se saisir de lui. Mais ils firent chou-blanc l’abbé s’étant réfugié dans un taillis où les chevaux des gendarmes ne pouvaient pas pénétrer. Le 18 septembre 1793 la chance le lâcha ; il fut repéré du côté du Tertre (près de Guer) et reçut un coup de fusil qui lui fit perdre du sang. Il passa au hameau de La Ville Daniel (à
Là l’abbé Hervé est mis sur le vaisseau « Les deux associés » destiné à livrer sa cargaison de prêtres et religieux à La Guyane. Mais les Anglais font le blocus ; les vaisseaux sont bloqués et vont gagner là leur sinistre réputation de « Pontons de Rochefort » sur lesquels des centaines de prêtres et religieux vont «crever » (il n’y a pas d’autre terme) dans des conditions épouvantables que l’on n’envisagerait même pas pour des animaux.
Malgré sa robuste constitution l’abbé décédera le 25 août 1794 à l’âge de 32 ans ; il sera enterré sur l’île Madame.
Il ne fait pas partie de la liste des 64 martyrs Confesseurs de la foi déclarés Bienheureux par le pape Jean-Paul II le 1er octobre 1995.
Ainsi que pour ses confrères morbihannais, l’abbé Vincent Benoît, de Sulniac, 50 ans († 30 août 1794) ; l’abbé Louis-Augustin Bernard, d’Auray, 41 ans († 4 juillet 1794) ; l’abbé André-François Brûlon, de Vannes, 49 ans († 28 août 1794) ; l’abbé Julien Colobert, de Ploeren, 36 ans († 22 août 1794) ; l’abbé Louis-Joseph Gardye de La Chapelle, d’Hennebont, 40 ans († 12 mai 1794) ; l’abbé Sébastien Le Bihan, de Noyal Pontivy, 46 ans († 6 octobre 1794) ; l’abbé Jean Le Thiec, de Marzan, 50 ans († 21 août 1794) ; l’abbé Louis-Pascal Le Toullec, de Séné, 31 ans(† 2 juin 1794) ; l’abbé Pierre Pierre, de Vannes, 48 ans († 14 juillet 1794) ; l’abbé Jean-Louis Riguidel, d’Auray, 32 ans († 1 septembre 1794) ; l’abbé Joseph-Pierre Robert, de Vannes, 48 ans († 2 septembre 1794) sa cause n’a pas été retenue pour la béatification ; pour tous l’héroïcité de leurs vertus n’a pas été reconnue.
Dans l'église de Monteneuf, le confessionnal garde son souvenir
Sources, entr’autres : Abbé André Moisan, abbé Amaury.